Le foisonnement de la vie tend à remplir notre regard, peu importe la source. Nous sommes interpellés. Et malgré que tous nos sens soient en émoi, le vide de sens peut aussi s’immiscer. L’exploration s’impose alors d’elle-même.
Nous nous retrouvons face à la vie, à nous-mêmes, puis face à l’autre.
Cette déstabilisation, cette proximité d’abord éprouvée, apporte nécessairement l’imprévisible, l’insolite et les volte-face, parfois déroutants, souvent percutants.
Les artistes du collectif ART 46/74 Laurentides créent chacun leur univers à partir de la thématique du « Face-à-face ». Avec qui? Avec quoi? Bien que leurs œuvres s’orientent dans plusieurs directions au gré de ces rencontres inattendues, un dialogue, un questionnement, une recherche, un réconfort et une complicité des artistes restent présents tout au long du parcours, supportant l’élan créatif.
À plusieurs égards, une rencontre de soi à travers l’autre combinée aux événements de la vie. Définitivement, une rencontre à plusieurs regards.
Le regard
Il est au cœur des face-à-face. L’observateur se trouve à regarder l’image de l’Autre, sans que celui qui observe ne soit vu.
À ces œuvres éclatées et plutôt secrètes, sont amalgamées des images, se liant ou non, que seul le regard peut discerner, tenter de comprendre, mettre en émoi.
Est-il possible d’être « face à » toutes ces vies, ces représentations, ces abstractions, sans ressenti ?
À cela, pas de réponse hâtive. Auparavant, explorons ce qui est face à nous.
Il a vu et mené ses batailles dans le monde. Maintenant au neutre, il aspire à ne plus prendre position à part celle du recul.
L’esprit calme et alerte, il flotte et observe patiemment.
Dans cet état d’apesanteur, de détente et d’éveil tranquille, il se ballotte et cherche son nouvel équilibre.
Pour s’ancrer. Quelque part. Le regard vide. Vide de sens.
S’éloignant du monde physique et de sa foule, attiré par la lumière du monde subtil, entre les deux, il oscille encore.
Dans l’attente de plonger ou de s’élever, le coeur plein et bien ouvert, il espère un léger souffle lui indiquant la direction à prendre.
Pour continuer. Quelque part. Le regard mi-vide. Mi-vide de sens.
Assez courageux pour admettre sa vérité et sa propre faiblesse, c’est un face-à-face annonçant le début de grandes choses qui lui en mettront plein la vue.
Remplir son regard sera alors chose faite.
Nous baignons dans un environnement vibratoire modifié par les nouvelle technologies.
Elles modifient notre vision du monde et du temps en nous imposant un rythme insoutenable et une cadence infernale.
Toujours plus et toujours mieux et plus rapidement, une nouvelle danse, une nouvelle réalité aux limites mal définies.
La luminosité jaune fluo représente cette vibration subtile et insolite, qui modifie nos vies.
Bienvenue dans le Méta vers… vers où exactement?
Face à face
Face à la vie
Face à la prise de décision
Face aux événements de plus en plus surprenants et déstabilisants
Surtout face à soi-même.
Ce qui m’interpelle, c’est mon regard sur la vie, les conditions humaines, les changements climatiques.
Ma proposition : des diptyques.
Ce sont deux images, tableaux ou icônes qui s’entrechoquent ou se renforcent et qui créeront un dialogue ou le questionnement.
Face à face pourrait être aussi un portrait d’artiste, moi face à Vincent Van Gogh, ou Rembrandt. Pour moi peindre c’est d’être en complicité avec tous ces artistes.
Face à face à l'imprévisible
Rencontres inattendues dans un inconscient en mouvement
Générateur de perceptions profondes d’un passé récent
Teinté de deux deuils de proches aux influences sensibles
Racines enfouies qui refont surface forment dessins
D’une constellation familiale aux ramifications sans fin
Auquel le conscient ne peut résister
Emporté par l’élan certaines interactions recrées
Distances perçues au cœur du noyau familial
D’emblée se compose en tableau interactif global
Personnages figuratifs naïfs de ma fratrie recomposée
De père et mère disparus en mouvance sur la toile bleutée
Construit fragile en collages de papier texturé coloré
Ils évoluent au gré du passé vécu mais modelé
Aux émotions et perceptions imprévisibles
Provoquent l’aventure merveilleuse de proximité
Au plus profond du soi tangible
Passé imprévisible vivant, mouvant dans notre vécu présent
Provoquent des rencontres inattendues
De petites fleurs de parterre ou des champs avec aussi, quelques branches et morceaux de bois trouvés ici et là. Puis, de nombreuses feuilles mortes ainsi que des champignons trouvés et ramassés au sol sur mon terrain. Agencés tous ensemble, ils formeront la base de ces compositions étranges et insolites que je vous présente ici.
Plus nous les observerons nous regarder et plus nous y verrons tout un foisonnement de choses et en imaginerons encore plus.
Une rencontre alors qui nous interpelle.
Un face-à-face avec les multiples visages de l’Étranger ultime… une Vie qui, contrairement à nous, repose essentiellement sur l’ARN.